La chaise
Je suis entré dans l'église, attiré par cette odeur âcre que dégage l'encens. Je marchais dans le bas-côté quand je la vis, cachée derrière un pilier. Elle se tenait là, sur ses quatre pieds : droite, figée, austère, fière. Dès qu'elle m'aperçût, elle m'invita à s'asseoir avec elle. Je refusais poliment, prétextant je ne sais quelle affaire importante à régler à l'extérieur. À ma réponse, je devinais qu'elle était triste. Elle me fit part de sa profonde solitude. Je rétorquais qu'elle n'était pas seule et que des dizaines de ses semblables se trouvaient réunies ici avec elle, peuplade de bois et de paille envoyée par je ne sais quel roi coloniser cette église. Je fis demi-tour et m'apprêtais à sortir quand, me retournant une dernière fois en sa direction, je l'entendis pousser un profond soupir.